LA PAGE DE NOTRE ELU REPRESENTANT NATIONAL : mise à jour du 26/10/2003 |
retour page de nos représentants
Lettre ouverte aux sapeurs pompiers professionnels Rhône, et aux élus du SDIS…
Réflexions sur une vision inflexible de la flexibilité de l’emploi et de ses conséquences…
Jusqu’alors il me semblait évident que la flexibilité de l’emploi ne pouvait s’appliquer que dans le cas d’un effectif maximum et d’une activité fluctuante ou en réduction. Ce qui peut-être vrai pour une certaine partie de l’industrie « privée » se révèle totalement inefficace dans le cas de la fonction publique territoriale en général et pour les S.P.P. en particulier. En effet, si le nombre d’heures travaillées est en baisse, loi des 35 heures, les interventions quant à elles sont en augmentation constantes. Le système de gestion mis en œuvre par le SDIS du Rhône s’avère donc à l’usage totalement inadapté à la situation actuelle. Le rapport entre la réduction du temps de travail et la hausse du nombre des interventions met en évidence le caractère de plus en plus dangereux des missions des S.P.P. Dangereux pour les personnels intervenants, mais surtout dangereux pour le public qui attend de nous un service rapide, efficace et de haute qualité. Les Chefs d’Agrès, mutés comme par jeu dans un secteur qu’ils ne connaissent pas et à la tête d’équipes en perpétuels changements, ne peuvent plus effectuer efficacement leurs missions de prompts secours. Les responsables de la gestion des « feuilles de garde » passent le plus clair de leur temps à essayer de palier aux absences inévitables le jour « J ». Cette situation de gestion à flux tendu conduit fatalement à des situations qui peuvent se révéler périlleuses à bien des égards. ( ex : Chefs d’agrès sans expérience et sans formation mis en situation d’échec ; méconnaissance du secteur et de ses risques , des personnels du centre, etc…). Et que dire aussi des affectations intempestives de Sous-Officiers, Chefs d’agrès à 21 heures dans des Centres d’intervention dont ils ne connaissent ni les véhicules spécifiques, ni le secteur d’intervention et encore moins le personnel. On peut concevoir que le malheureux volontaire désigné d’office éprouve quelques réticences et même une certaine angoisse à l’idée d’effectuer sa mission dans de si piètres conditions. Mais qu’importent les éventuelles conséquences, l’ordre donné doit balayer tous ces petits inconvénients et servir de bouclier protecteur au Sapeur Pompier intervenant. Ira-t-on jusqu’à s’abriter peureusement derrière cet ordre si quelques « ratés » se produisaient au cours d’une intervention ? On peut, à juste titre , se demander sur qui on va rejeter la responsabilité d’une possible erreur. En tout état de cause, un coupable devra être désigné et j’ai déjà une petite idée sur le profil de l’heureux élu. Je crois pouvoir affirmer que de tels comportements sont la preuve d’une grave méconnaissance du métier de la part de « l’équipe dirigeante ». Jamais un Sapeur Pompier digne de ce nom ne mettrait un autre Sapeur Pompier dans une situation aussi inconfortable. Le métier de Sapeur Pompier nous expose à des risques parfois vitaux que nous connaissons et assumons pleinement. Le stress obligatoire que provoque toute intervention était jusqu’à lors géré et maîtrisé par des gens qui se connaissaient parfaitement et qui travaillaient ensemble en permanence. Ce n’est plus le cas aujourd’hui et les Sapeurs Pompiers ne comprennent plus pourquoi leur hiérarchie leur impose ces difficultés supplémentaires. Notre Direction étant dans l’incapacité d’expliquer sa position (car peut-être inexplicable) quant à ses nouvelles orientations et ses actes de répression, le personnel à tendance à glisser vers une sorte de découragement et de désinvestissement individuel très grave pour l’ensemble de la profession et plus encore pour le public qui nous fait confiance. Saura-t-on un jour nous avouer les vraies raisons de cette tentative de déstabilisation ou bien nous laissera-t-on croire que notre équipe dirigeante n’a pas de but précis et que notre Direction joue à l’apprenti sorcier avec les Pompiers du Rhône, au risque de mettre en péril la population que nous avons le devoir de défendre. Leurs objectifs réels sont-ils politiques, économiques ou carriéristes, on se perd en conjectures. Mais je ne suis pas sûr du tout que le démantèlement systématique de structure ayant fait leurs preuves depuis des décennies, soit de nature à engager les Sapeurs Pompiers sur la voie de la modernité, du changement et de l’évolution nécessaire et librement consentie. Alors qui prend un tel plaisir à compliquer un système qui n’est déjà pas si simple? ET POURQUOI ? L’organisation actuelle tiens plus de « l’usine à gaz » où l’on bouche les fuites au jour le jour ; que de la gestion pragmatique indispensable au bon fonctionnement d’un service de secours. Des « Pompiers volants » aux spécialistes mutés dans les Compagnies ou leur spécialité n’existe plus, en passant par des volontaires (civils ou non) utilisés comme bouche- trous et envoyés d’une minute à l’autre dans une caserne, afin de palier à une absence prévisible, le SDIS du Rhône nous montre au quotidien la dangereuse fragilité de son organisation et son mépris total des valeurs humaines qui sont la base de cette profession. Je crois pouvoir affirmer aujourd’hui que les Commandants de compagnie eux-mêmes ne comprennent plus les intentions de la Direction et pourquoi on les oblige à une organisation aussi complexe et à si courte vue. Sapeur Pompier depuis 21 ans, je n’ai jamais connu une pareille démobilisation professionnelle de la part de mes collègues. Il est de mon devoir de Délégué Syndical et d’élu National de tirer dès maintenant la sirène d’alarme. Ce système de gestion à la petite semaine ne fonctionne pas. Il n’engendre que l’incompréhension et le découragement et il suffirait de peu de chose pour qu’il nous entraîne à la catastrophe. Pensez en conclusion, que l’efficacité des Sapeurs Pompiers est liée obligatoirement à la confiance et au respect mutuel entre ceux qui ont la charge de l’encadrement supérieur et les Pompiers d’en bas auxquels je suis fier d’appartenir.
Barbier Jean-Michel Délégué élu USN CGT Membre du Bureau National des S.P.P. C.G.T. de France |